une vie ailleurs

[Henry]

   Ce ne sont pas des doutes - c'est une intuition. Si tu insistes tellement sur ma libération de Hugo, c'est que, à mon avis, tu n'as pas compris la cause de ma tristesse. Je crois que tu n'as plus besoin de moi à tous les niveaux  - que tu peux vivre seul -, je crois que cela s'est produit quand tu es parti pour la Grèce. Tu te sentais heureux et entier tout seul. Un nouveau cycle commence. Il n'y a pas de raison de nous faire des reproches, je crois. Je ne doute pas que tu aies sincèrement souhaité que je te rejoigne, non. Mais je sais aussi que tu répugneras toujours autant à revenir à New York, quand j'aurais quitté Provincetown. Je ne suis venue ici qu'à cause de cette évidence résistance - afin de te donner du temps. Si tu revenais à New York, après avoir tant résisté, cela n'aurait pour moi aucun sens. Tu m'opposes deux raisons mineures - ton livre, ta mère - pour ne pas revenir à moi.
   Si je t'avais donné de si faibles excuses pour ne pas te rejoindre, tu aurais senti tout comme moi que le temps était venu de se séparer.
   Ne vaudrait-il pas mieux en être conscient et ne pas accuser la lune ?
   Nous nous comprenons parfaitement.

   [...]
Jeu 23 avr 2009 Aucun commentaire