une vie ailleurs

-Tu ne m'abandonnais pas, dis ? sanglota-t-elle, et ses lèvres salées, affamées, me couvrirent de baisers. Prends-moi dans tes bras, je t'en supplie. Serre-moi fort ! Mon Dieu ! Je me sens si perdue !


Elle m'embrassait avec une passion que je ne lui avais jamais connue. Elle y mettait tout son corps, toute son âme ... et toute la peine qu'il y avait entre nous. Je glissai les mains sous ses aisselles et la forçai doucement à se mettre debout. Nous étions aussi près l'un de l'autre que deux amants vacillant comme seule peut le faire la bête humaine dans l'abandon mutuel le plus total. Son kimono glissa et s'ouvrit : elle était nue dessous. Une de mes mains descendit jusqu'à ses reins, jusqu'aux fesses dodues, et mes doigts plongèrent dans la grande fente, tandis que je la pressais contre moi, lui mâchant les lèvres, lui mordant le lobe des oreilles, le cou, lui léchant les yeux, la racine des cheveux. Elle mollit, s'appesantit, fermant les paupières, fermant l'esprit. Elle ployait comme si elle allait tomber. Je l'empoignai, la soulevai, traversai le vestibule, grimpai l'escalier, la jetai sur le lit. Je chavirai sur elle, comme hébété, et la laissai m'arracher mes vêtements. Je gisais sur le dos, pareil à un cadavre dont seule la verge eût continué à vivre. Je sentis ses lèvres se refermer sur mon truc et ma chaussette gauche glisser de mon pied en même temps. Je passai les doigts dans ses longs cheveux, les faufilai sous un sein, moulant de la paume la corbeille, qui était douce et élastique. Elle tournait plus ou moins comme une roue, dans le noir. Ses jambes finirent par atterrir sur mes épaules et sa fourche s'appesantit sur mes lèvres. Je fis passer son cul par-dessus ma tête, comme on élèverait un seau de lait pour étancher une longue soif, et je bus, mâchai les lèvres et lampai le suc comme un busard.

Sexus, 1949.
Henry Miller.

 

 

Lun 13 nov 2006 6 commentaires
La littérature, il n'y a que cela de vrai
DID - le 13/11/2006 à 20h29
beaucoup mieux que les films car justement la littérature laisse l'esprit se faire son propre film de ce qu'il lit ;)
blackevil

superbe, et anaïs nin écrivait aussi bien que lui


bonne soirée Cat
bisous

kéline - le 13/11/2006 à 20h36

je n'ai pas lu anais nin ...

bisous Kéline

blackevil

Ma Chère Blackevil, je vais te faire un compliment, je te donne ma parole d'honneur : je n'avais pas vu que c'était Henry Miller. Je "te" lisais en fait, me disant, forcément qu'elle décrit bien les réactions de cette fille, son corps qui réagit aux carresses et s'assied avec volupté sur la bouche de son amant pour un cunni délicieux... Ça prouve que tu as du talent aussi, tiens je t'offre Henry et Anaïs...


 

Ano - le 13/11/2006 à 21h28

merchi pour la vidéo ... merchi pour les compliments aussi
bisous

blackevil
pas de cat aux "petits mots" pas de cat à "blackevil" ...
bisous Cat
kéline - le 16/11/2006 à 09h45

il n'y a qu'un cat à faire pour arriver chez cat ;)

bisous kéline :D

blackevil

Ben voui, le livre c'est notre ami, c'est aussi notre maître...


Ch'sais plus de qui ch'est!!!..


Gros gros bisous Cat doréeeeee

granit rose - le 16/11/2006 à 12h41
celui qui donne la substantifique moelle :D ...
gros bisous du midi Granit Chéri
blackevil
trop sympa cette vidéo, Cat, ca va le boulot? Eh!!!! J'ai eu une autre accroche avec des éditeurs! cool!
damien - le 16/11/2006 à 13h20
c'est cool pour toi :D
ben moi, là ça va ça sent le weekend ... :D
blackevil