Mercredi 18 avril 3 18 /04 /Avr 00:48
La journée était suffisamment ensoleillée pour que je me décide à sortir faire une balade. Bien sûr ce ne pouvait être qu'au bord de l'eau, ce ne pouvait être que sur les bords de Loire. Je choisissais de me rendre dans ce coin où le canal d'Orléans rejoint le fleuve royal. Qui connaît cet endroit en connaît aussi le charme qui s'en dégage, le calme qui enveloppe les promeneurs solitaires, les amoureux du dimanche, les vivants.

Un petit restau accueille les aventuriers des heures perdues, juste devant l'écluse, face au fleuve. L'endroit rêvé pour se raffraichir après une bonne marche.

Etrangement, je fais toujours le même parcours. J'entame toujours la boucle de la même manière ... Je prends la Loire à contre pied, à contre courant ... Je vais à sa rencontre. Je ne vais pas frôler le sable, je ne vais pas m'enfoncer dedans. Je laisse cela aux téméraires qui se risquent aux baignades furtives. Je regarde ce coin de plage improvisée et je repense au temps de ma jeunesse où ses bords de Loire étaient des lieux de débauches nocturnes où la bière, le shit nous accompagnaient, où nous finissions trempés par nos jeux stupides de gages qui nous envoyaient valser dans l'eau, où aller chercher du bois pour ranimer le feu de joie devenait prétexte à s'échapper du groupe pour s'envoyer en l'air dans la noirceur de la nuit et les rires lointains.

Je repense aussi à d'autres balades, plus tard, plus sérieuses, plus ternes sans doute. Je repense à ces personnes qui ont marché, ici, à mes côtés, qui ont partagé mes pensées, mes rires, mes baisers.

Je ne sais pourquoi, je me mets à penser à toi, à toi plus qu'aux autres. A toi qui finalement ne m'a jamais accompagnée ici. A toi avec qui je n'ai jamais voulu partager ce lieu.

J'ai quitté les bords de Loire. Je suis maintenant prise entre ce champs de blé et les arbres de cette mini forêt. Je sais qu'au bout du chemin je retrouverais l'eau. Je retrouverais la fraicheur ombragée des saules s'écoulant sur le canal.

Je rêve, comme à mon habitude. Je ne fais pas attention aux personnes que je croise. Elles ne font pas attention à moi. Chacun vient dans ce lieu parce qu'on y est seul au monde.

Je n'avais donc pas entendu ces pas rapides dans mon dos. Je n'avais pas entendu ce souffle prononcé mon nom. Je n'avais même pas senti ces yeux insistants sur ma nuque. Il aura fallu que tu poses ta main sur ma hanche pour que je stoppe net ma marche. Pour que je redescende sur terre, me demandant qui pouvait bien avoir cette audace de me toucher sans y avoir été invité. Je tournais la tête vers l'importun, lui jettais un de mes regards les plus sombres. Mes yeux plongèrent dans les tiens, ils reprirent leur teinte habituelle, et un sourire vint élargir mes lèvres.

Je n'étais jamais venue, ici, avec toi, au temps où "nous" existait. J'ignorais même que tu connaissais ce lieu.


Par Ondine - Publié dans : Le Monde d'Ondine
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