littérature érotique


Jeudi 2 avril 4 02 /04 /Avr 13:27
A Henry.

[...] Tu sembles si plein de moi, pour la première fois, oui, Henry. La première année, tu étais plein de June, et ensuite ce fut pour l'écriture ; et il y avait un contraste non seulement entre moi, si pleine de toi, et toi, si plein de choses autres que moi, mais également entre le peu d'espace que je semblais occuper en toi et tout ce que les autres me donnaient - je ne parle pas des cadeaux, non, mais d'une fusion totale avec moi à laquelle j'aspirais. Et tout est décalé ; voilà que cela t'arrive maintenant que j'ai sauté si loin, que je suis presque sortie de ta vie, et que, dans un effort pour me montrer moins sentimentale, et plus endurcie, j'ai presque changé de nature. Si, en un sens, j'essayais presque de t'oublier, c'était, là encore, pour notre amour, et non contre lui. [...]


Par blackevil - Publié dans : littérature érotique
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Jeudi 26 mars 4 26 /03 /Mars 07:36
[...] Je ne te vois pas seulement comme un phare (bien que pour la plupart des hommes, et spécialement pour les artistes, cela serait déjà suffisant). Je te vois comme une femme. Cette lumière n'est que l'émanation de ton esprit. Mais ton corps me réclame aussi - tout autant. Ton corps brûle en moi. Je ne veux pas d'une lampe qui m'éclaire, quelle qu'en soit la puissance. Je veux tout l'appareil. Et je ne me contente pas de l'aura de lumière que tu jettes tout autour de toi. Je veux tout l'appareil. Et je le veux pour moi, pour moi tout seul. Voilà la faute que j'ai commise : te partager. Cela amoindrit la femme, je le crains. Maintenant, il faut que je t'aie tout entière, sept jours par semaine, voyages compris. (Et pas question de suivre les cours des psychanalystes, de danser dans des ballets, de faire des essais pour la Paramount, pas de "propositions de coucherie".) T'entendre ressasser toutes ces choses dans tes lettres, et imaginer la pression constante, les cris, la sueur qui t'entourent en permanence, me rend fou. Si tu crois que je suis devenu puritain, et bien, crois-le. Je m'en fiche. Je ne te partagerai pas !!! Tu es à moi et je vais te garder. Je suis devenu atrocement possessif. Mais je ne suis pas un tyran. Je réclame seulement justice - justice au nom de l'amour.
Par blackevil - Publié dans : littérature érotique
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Samedi 21 mars 6 21 /03 /Mars 17:19
[ Villa Seurat ]
Vendredi soir, le 14 [ décembre 1934 ]

[ Anaïs ]

  Tes deux lettres sur la Cellophane viennent d'arriver - datées du 7. Tu ne les signes même plus, maintenant. Tu ne m'appelles même plus par mon nom. Pas un mot d'amour. Si je n'avais pas reçu ton télégramme, je serais déjà devenu fou. Quelle punition m'infliges-tu ? Et pour quelle raison ? Quelle raison ? Bon, c'est déjà quelque chose de savoir que tu es heureuse. De savoir que Radio City rend quelqu'un heureux. C'est vraiment comme tu le dis. Tu es dans un autre monde. Je suis ici et le mieux que j'avais à faire pour te saisir, c'était d'allers voir Amok, parce que tu m'avais dit que tu l'aimais. Et, quand j'ai vu le début - les lianes, les arbres enchevêtrés, la densité de la forêt tropicale -, je me suis dit : c'est tout à fait "Aulraune". En parfaite correspondance avec l'écriture d'Anaïs. Très impressionnantes, ces premières images. C'est merveilleux que tu aies sur rendre cela par l'écriture. Et maintenant ta vie est en Cellophane - "je t'aime, chérie", etc. C'est dommage, lorsque je dis ces choses-là, qu'il n'y ait pas de musique de fond, de ligne d'horizon, de Nouveau Monde à l'horizon.

  Pardonne-moi, Anaïs, mais je suis triste, épouvantablement, abominablement malheureux. Rien ne pourra m'aider tant que je ne verrai pas, noir sur blanc, les mots que tu as délibérément, si obstinément omis dans toutes tes lettres. Tes lettres ne me disent rien. Un peu comme ce baiser qu'Andard t'avait donné dans le cou - ça fait un grand bruit sur le moment et on en rit ensuite. Je te remercie seulement d'une chose ; tu ne te donnes pas la peine d'inventer des mensonges inutiles. Tu ne mens même pas - tu te contentes de te taire. Je ne voudrais pas briser la magie. S'il n'y avait pas eu cette grosse bourde, peut-être me serais-je contenté de ces lettres Cellophane. De ton télégramme, j'extrais deux mots que tu m'avais écrits sur un morceau de papier un matin et que je n'ai jamais oubliés. Dans cette toute petite chambre, j'étais heureux. Je t'avais, toi. Maintenant je vis dans ce studio sans âme et je suis l'homme le plus triste de la terre. Tout le monde dit :"Quel endroit merveilleux !" Mais pour moi c'est l'enfer. L'enfer "de luxe", tu vois ce que je veux dire ?

  Qu'est-ce que je voulais ? Je voulais vivre avec toi !

[...]
Par blackevil - Publié dans : littérature érotique
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Mercredi 18 mars 3 18 /03 /Mars 19:35
[ Villa Seurat ]
[ 11 décembre 1934 ]
Minuit. (Au diable Fred ! J'ai le mal d'amour. )

[ Anaïs ]

  Depuis ma dernière lettre, j'ai reçu ta lettre du 3 décembre du Barbizon. Avec le chèque ! Je ne suis pas content. Je suis abasourdi. En quatre jours, on ne peut pas gagner tout ce paquet ! Sauf si tu es payée au tarif des analystes. Que diable fais-tu donc ? Depuis ton premier mot, tout me semble incroyable et absurde. Il est vrai que je n'ai jamais vu NY du sommet. Je ne pourrais pas supporte ce monde si dur, si rigide, si insolent que tu sembles accepter.

  Puisque tu me demandes à la fin de ta lettre d'adresser mes lettres à l'hôtel - parce que c'est plus "sûr", etc. -, j'en conclus que Hugo ne viendra pas du tout en Amérique. Car, si j'interprête une phrase comme "on ne monte pas le courrier ... c'est moi qui descend le chercher", cela veut dire simplement que tu continues à me tromper. Vraiment, tu es très gentille. Tu ne mens même pas ouvertement. Il est certain que tu descends chercher le courrier - et c'est pourquoi tu te moques des lettres et des télégrammes adressés chez Kay Brant. Tu as sans doute oublié que c'est l'adresse que tu m'as donnée. Et elle ne sait probablement pas que tu es à New York !

  Anaïs - mes propos doivent te sembler minables, si vraiment tu as fait tout cela pour me plaire, pour m'aider, etc. Mais pourquoi la tromperie ??? Pourquoi ? Ca me rend dingue. Faut-il que tu me trompes aussi ?

  Peut-être, alors que j'écris ces mots, es-tu en train de te promener dans les rues de Williamsburg. Que dois-je donc éprouver, toujours ignorant de tes faits et gestes ? Tout ce que tu m'as écrit n'est que poudre aux yeux. N'essaie pas de m'éblouir, Anaïs. Mets ton tablier de cuisine et laves les feuilles de laitue. Prépare la raie au beurre noir. Dis-moi que tu aimes les gens simpes, les plats simples. Je pleure de te voir devenir "une grande femme d'affaires" et ratisser tout ce pognon. Et sortir tous les soirs dans le "monde". Est-ce que je m'attendais que tu restes enfermée dans ta chambre à broyer du noir ? Non ! Mais je ne m'attendais pas à te voir aimer NY, ou le glorifier, ou prétendre que la ville a besoin d'un poète. Ca sonne tellement américain à mes oreilles - la pire espèce d'américanisme.

  Tout cela est ma faute, je le crains. C'est peut-être parce que j'ai dit un jour que je ne voudrais pour rien au monde quitter ce studio que tu remues ciel et terre pour me permettre de le garde. Mais ce n'est pas pour moi - seulement moi, Anaïs. C'est pour nous. A quoi bon cet endroit merveilleux si tu dois être à l'autre bout du monde et changer d'âme ? La femme que je veux n'est pas celle qui écrit ces lettres - en mousse de champagne et lettres en relief, avec un stylo à plume en or, etc. Le "Toi" que j'aime est celle qui a dit le dernier soir : "N'"invite pas Halasz à dîner. Je veux être seule avec toi."

  Je sais que tu as une nature de caméléon ; mais je connais aussi le noyau immuable qui est en toi. C'est lui que je veux. Ne danse pas autour de moi avec la poudre d'or et des lampions. Sois comme lorsque nous parlions à Louveciennes - comme le jour où la fenêtre était ouverte sur le jardin. Voilà ! Voilà ! C'est toi - et c'est moi.

  Louveciennes n'est pas dans le département de la Seine-et-Oise. Louveciennes est en toi. Tu dois y rester. Nous pouvons construire un palais autour de nous, si tout va bien entre nous.

  Je veux que ça aille bien ! Il se peut que je ne devienne jamais une gloire mondiale, mais je peux t'apporter d'autres richesses.

  Jamais auparavant je ne me suis offert à toi aussi totalement et aussi sincèrement, avec autant de dévotion. Au cas où tu ne comprendrais pas que je fais tout ça parce que je t'aime et ne peux en dire davantage.

  Je ne sais pas si je t'écrirais une autre lettre - en tout cas pas avant d'en recevoir une de toi plus profonde et plus convaincante.

  Voici donc cette lettre, en plus de celle du 8 décembre adressée à Kay Brant : ç nous porte pratiquement jusqu'à Noël. S'il m'arrivait d'écrire à l'hôtel Barbizon, tu peux être sûre qu'il n'y aurait rien d'embarrassant" dans la lettre. Je connais toute l'histoire de l'hôtel Barbizon. Le grand poète doit être content. Si et quand il vient.

H.

PS. Tous cela me fait plus mal, beaucoup plus mal, mille fois plus mal que ça ne t'en fera jamais.
  Les hommes aussi ont leurs règles, mais le sang ne s'arrête pas automatiquement de couleur. Une rivière bouillonnante coule dans mes veines. Je suis incapable de l'endiguer. J'ai si mal. Crois-moi. Oh ! Merde ! Croire, croire - reste-t-il encore quelque chose à croire ?




 



 
Par blackevil - Publié dans : littérature érotique
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Mardi 10 mars 2 10 /03 /Mars 18:45
  "Anais,

  Tout fait mal. Harry Harvey était ici et vient de partir. Je jour du Bach. Un peu lourd de vin, mais pas ivre. Et profondément désolé d'avoir dû te laisser partir comme tu l'as fait. Tu ne sais pas ce que tes mots ont fait sur moi - "Je me sens seule" -, je ne veux plus jamais les entendre. Nous devrions braver n'importe quoi, plutôt que de t'entendre dire cela. Je te veux et je pense vraiment que c'est un crime de remettre les choses indéfiniment à plus tard. Aucun livre ne clarifiera la situation. J'ai fait une chose épouvantable : m'endormir ainsi sur toi (et pourtant pas si épouvantable) - cela prouve à quel point je suis naturel avec toi. Mais cela fait mal de t'entendre dire que tu te sens seule. Cela fait terriblement mal. Je ne peux supporter l'idée de te faire le moindre mal. Tu es merveilleuse, merveilleuse - et je le sais. Et je ne trouve pas ça tout naturel. J'aurais plutôt envie de me mettre  à genoux devant toi pour te demander pardon. Me pardonneras-tu ? Ce Harvey était ici et a merveilleusement parlé de sa femme - vingt et un ans de mariage ! C'est ça que j'éprouve avec toi - après vingt et un ans de mariage, je serai toujour capable de parler merveilleusement de toi.
  C'est un crime de vivre séparé. Je ne sais que faire. Je ne veux pas te faire de peine. Je suis impuissant. Mais, si tu vois un moyen, quel qu'il soit, quand tu veux, mets-le en oeuvre. Je t'aime et je veux que tu sois heureuse. Je mets mon sort entre tes mains, comme un enfant. Ne me gronde pas si je m'endors. Ca ne veut rien dire, excepté que je suis fatigué. Tu comprends ?
  Je t'en prie, fais-moi savoir si tu me pardonnes."


Par blackevil - Publié dans : littérature érotique - Communauté : Hommage à la Féminité
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